9 questions à un expert aux Olympiades

Ludovic Robert, enseignant à l’École des métiers du meuble de Montréal et expert en ébénisterie pour les 16es Olympiades québécoises des métiers et des technologies, a répondu à nos questions.

Comment êtes-vous devenu expert aux Olympiades québécoises ?

On me l’a proposé en 2018 et j’ai accepté avec enthousiasme. J’avais déjà été entraîneur, en France.

Image tirée des Olympiades locales 2023 – École des métiers du meuble de Montréal.

En quoi consiste votre rôle d’expert ?

Avant les Olympiades, je dois créer une épreuve pour les sélections régionales. C’est ma responsabilité d’organiser la compétition, de m’assurer que les entraîneurs soient outillés pour cette épreuve et que les candidats aient un accès égal à toute l’information.

Mon rôle est ensuite de veiller au bon déroulement des compétitions en collaboration avec le chef d’atelier.

Pour les compétitions, je dois mettre en place l’atelier, fournir le matériel et la quincaillerie et gérer les imprévus.

Pendant les Olympiades, je donne les directives aux membres du jury, je m’assure que les notes entrent dans les délais et que tout se passe bien … et que le meilleur gagne!

Pouvez-vous nous présenter votre école?

L’École des métiers du meuble de Montréal a été fondée en 1991. C’est une petite école bien implantée dans le quartier Rosemont, à Montréal. Certains de nos enseignants y ont fait leurs études. On y enseigne l’ébénisterie, bien sûr, mais aussi le rembourrage artisanal, la finition de meubles, ainsi que des programmes qui n’ont pas de lien avec l’ébénisterie comme service de garde en milieu scolaire, entretien général et hygiène et salubrité.

Nous avons de beaux ateliers pour accueillir les élèves et notre formation est orientée vers l’artisanat.

Pourquoi avoir choisi le métier d’ébéniste ?

Je n’avais que quinze ans lorsque j’ai entrepris ma formation avec les Compagnons du Devoir. L’entreprise où je devais commencer mon apprentissage était située près de la banque où travaillait ma mère, et je trouvais cela commode. Mon premier Compagnon m’a pris sous son aile. J’ai appris énormément à son contact, et j’ai développé peu à peu ma passion pour l’ébénisterie.

À 17 ans, je suis parti pour mon tour de France. J’ai eu la chance de travailler dans des endroits extraordinaires comme le château de Versailles et le château de Fontainebleau dans ce qu’on désigne en France comme l’ébénisterie lourde (les moulures, les sculptures, les dorures, les escaliers courbés, etc.).

Comment êtes-vous devenu enseignant ?

En France, après ma formation avec les Compagnons du Devoir, on m’a offert d’enseigner à Strasbourg, ce que j’ai fait pendant trois ans. J’ai toujours eu le goût de garder un pied dans une école. Ici au Québec j’ai fait quelques remplacements, avant d’obtenir un poste il y a deux ans.

Comment faites-vous pour garder votre passion intacte ?

C’est un métier tellement créatif. On ne part de presque rien, nos matériaux sont vivants, aucune planche de bois n’est tout à fait pareille à une autre. Et à partir de cela, nous fabriquons des meubles sur mesure, des escaliers, et des éléments de mobilier intégré qui perdurent au travers des années et qui s’inscrivent dans le patrimoine.

Avec l’enseignement, en ébénisterie, on côtoie de nombreux adultes en quête d’une réorientation professionnelle. C’est gratifiant de partager ma passion pour l’ébénisterie avec eux et de leur en faire connaître toutes les facettes.

Qu’est-ce qui vous a décidé à immigrer au Québec ?

Le goût de l’aventure et ma curiosité.

Dans vos loisirs, construisez-vous des meubles ?

Je fais peu de choses pour mon usage personnel, mais je passe beaucoup de temps à préparer du matériel pédagogique pour l’association des Compagnons du Devoir, des exercices, des vidéos didactiques, etc.